Croix, pierres ou table des
morts
Il est unanimement reconnu que la croix est, avant tout
symbole religieux, la « base des symboles d’orientation ».
Ce que l’on sait moins, c’est ce que
l’histoire rapporte des croix et de l’époque féodale. En ces temps, la
noblesse n’avait que peu d’intérêt pour les paysans, en dehors du travail qu’ils
pouvaient fournir pour elle, et les voyageurs qu’elle rencontrait sur ses terres
étaient rarement les bienvenus. Aussi, pour se distraire, ces valeureux
cavaliers piquaient sur paysans et voyageurs pour les « tailler en pièces » ou
pour le moins, les bousculer. Ces pauvres hères n’avaient alors d’autre
refuge que les croix, maigre sanctuaire que cette noblesse n’osait toutefois
profaner.
Quelques croix
Sans entrer dans la multitude des formes et
des sens, quelques exemples de ce qui peut être rencontré aujourd’hui en Morvan.
Les croix de missions
Elles étaient érigées en mémoire d’une « mission » au lendemain de la
révolution. Ces missions étaient destinées à la fois à mettre en place des
oeuvres charitable et à rétablir la pratique religieuse.
Croix de Mission Saulieu
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Croix de Mission de "Chazelles"
(Montsauche)
| Les croix de
chemins
La croisée des chemins, le carrefour et l’incertitude des voies non
explorées…
Une borne sacrée qui marque aussi la position du croisement.
Croix de
chemin sur l'ancienne voie romaine proche de Saulieu
Les croix de rogations (et/ou de procession)
Leur origine remonterait au Vème siècle et ferait suite à des périodes
douloureuses. Elles auraient eu pour but, par des prières et des processions
pendant les 3 jours précédant l’Ascension, d’invoquer la bénédiction divine pour
tous les travaux des champs, cultures et récoltes à venir.
Les croix de limites (ou de bornage)
Elles servaient de bornes aux entrées ou sortie de village, de domaines ou
de toutes autres délimitations et n’avaient pas obligatoirement de caractère
religieux.
Certains religieux (au contraire…) avaient créé des « sauvetés » marquées
par des croix, pseudos terres d’asile destinées à attirer (et à exploiter) des
travailleurs.
Les croix de justice
Fréquemment placées au centre des bourgs, elles marquaient le lieu
d’exercice de la justice et portaient généralement un blason représentant la
seigneurie qui détenait les droits de basse, moyenne et haute justice.
Elles pouvaient également être élevées en mémoire de l’affranchissement
d’une communauté et symbolisaient la liberté communale.
Les croix de cimetière
L’hygiène prônée dès la fin du XIXème siècle a eu tendance à repousser les
cimetières initialement situés prés de l’église et donc généralement au milieu
du village vers la périphérie. La croix qui surplombait habituellement le centre
du « Champs des morts » à parfois suivi le déplacement… ou pas !
Croix de
cimetière de Brazey (Image extraite de "petit patrimoine.com")
Les croix hosannières
C’est une construction en forme de tour surmontée d’une croix, similaire à
la « lanterne des morts » (mais sans la lampe…).
C’est un monument funéraire remontant au Xème siècle. Son nom viendrait de
« l’hosanne » autre nom du buis qui y était déposé (ou de l’hymne « hosanna »
chanté le dimanche des rameaux).
Il n’existerait pas de « croix des morts » en Morvan, trois « lanternes des
morts » sont toutefois citées, à Avallon, Pontaubert et Mailly-le-Château.
Les croix de ponts
Ces points de franchissement incontournables faisaient souvent l’objet d’un
droit de passage (un impôt, un péage). La croix érigée en ce lieu avait pour
but, à tord ou à raison, de cautionner cet acte.
Croix du
pont de Chastellux
Les croix de sources (ou de fontaine)
Depuis la nuit des temps, les sources étaient bénéfiques et propices à la
vénération de diverses divinités. La présence de la croix en ces lieux avait
donc pour rôle de lutter contre ces croyances et en fait de les reconquérir.
La source
Ste Agathe de Corbigny a perdu ses symboles religieux...
Les croix commémoratives (ou mémoriales)
Elles avaient pour unique but de rappeler un fait (une bataille), une
inauguration d’édifice (un barrage) ou un emplacement.
La croix
inaugurale du barrage des Settons
Les croix sommitales
Elles servaient à la fois à marquer le point le plus élevé d’une région
mais aussi et surtout à mettre en parfaite évidence le symbole de la religion.
Les trois
croix sur la hauteur de
Chateau-Chinon
Pierres ou tables des morts
Appelées « Pierres des morts », « Tables
des morts » ou encore « Tables reposoirs » elles font partie d’un patrimoine
quasiment disparu. En Morvan, on en trouve une à côté de l'église Saint
Hilaire d'Alligny-en- Morvan (c’est un bloc de grés posé à terre sur lequel
trône, l’été, une magnifique vasque de fleurs…), ou encore, vraisemblablement,
en ce qui sert de « banc » à côté d’une croix en pierre devant la chapelle de
Sarre à Corbigny. Les tables de St Germain-de-Modéon et de La
Roche-en-brenil ne laissent aucun doute sur leur utilisation.
Reposoir l'Alligny en Morvan
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Table des morts de la chapelle de Sarre à Corbigny
?
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Table des morts à côté de l'église de St
Germain-de-Modéon
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Table des morts face à l'église de La
Roche-en-Brenil
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Jadis, il fallait généralement transporter le défunt de sa maison au
bourg, au hameau ou à l’édifice religieux le plus proche. Pour ce faire, des «
porteurs » les déplaçaient sur leur dos, avec des brancards improvisés ou au
mieux sur de simples charrettes.
Le terme « corbillard » remonterait au moyen âge alors que des bateaux
à fond plat ralliaient Paris à Corbeil pour un ravitaillement en denrées et
matériaux (les « Corbeillards »). Ces bateaux auraient ensuite servi à
l’évacuation des cadavres lors de l’épidémie de peste et donc laissé leur nom
aux véhicules funéraires.
Les distances à parcourir, à pieds, pouvaient être longues.
Il fallait permettre aux porteurs de se reposer, les « tables » placées le
long des chemins avaient donc pour but de déposer le défunt.
En l’absence de reposoir, il est possible que certaines croix de chemin
situées sur la « voie des morts » aient été propices à l’arrêt du transport
funéraire qui posait alors le corps à terre et s’offrait un repos alors que l’on
récitait quelques prières.
Un exemple, à Saint-Germain-de-Modéon, le lieu dit "Chemin des morts",
trouverait son origine non pas dans un ou plusieurs accidents graves ayant fait
des victimes mais plutôt dans le fait que cette voie a été, des siècles durant,
le passage obligé du corbillard qui se rendait au cimetière de la commune.
Il semblerait que ces pierres aient été utilisées jusqu’en fin du 19ème
siècle.
Les blocs de grés semblaient dont être de simples reposoirs tandis que
les croix, monuments ou autres autels en plein air comportant une « table »
avaient probablement vocation à servir de lieux de prières ou de chants funèbres
ou encore à matérialiser le lien entre le Laïc (le quotidien) et le sacré que
symbolisait l’église.
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