Crash du B24 Libérator

Le crash du Consolidated B 24 LIBERATOR
C’est, avec le « Dewoitine D 332 - Émeraude » sur Corbigny,
(A voir sur ce site : http://www.eulglod.fr/morvan/corbigny_899.htm" Paragraphe « Tourisme »)
le 2ème plus importants crash d’avion sur le Morvan lors de la seconde guerre mondiale

L’importance de ce crash

Loin de vouloir minimiser l’importance et la tristesse des autres crashs qui ont pu se produire sur le Morvan lors de cette période, c’est la notoriété des occupants de cet appareil qui a contribué à la gravité du crash.

Impossible donc de ne pas parler de l’un de ses occupants, Jean Jules Marie Antoine Schneider, l’un des héritiers des forges du Creusot.

Le crash du Consolidated B 24 LIBERATOR

Le crash a eu lieu le 14 Novembre 1944 sans que l’heure ne semble être réellement connue…

B24 Liberator (Photo Wikipedia)

De nuit dit-on… Plusieurs versions, questionnements voire affirmations existent mais toutes s’accordent sur le fait que l’appareil n’ait pas été abattu.

- « Cet avion, qui ramenait à Paris, notamment Jean Schneider, fils du maître des forges du Creusot (Saône et Loire), ainsi que son épouse Françoise, a été pris dans une tempête de neige après avoir survolé les usines du Creusot. Manquant de visibilité, les pilotes se sont déroutés, heurtant la colline surplombant le village ».

- « L’appareil était piloté par Jean Schneider, héritier des aciéries du Creusot » « Avait-il une grosse expérience sur cet appareil qu’il aurait utilisé à titre privé ? », « La destination était-elle Le Creusot ».

- « Pris dans une tempête de neige, l’avion s’écrase dans le Morvan, non loin du lieu où s’était écrasé en 1934 l’Emeraude… »

- Le crash se serait produit « peu après midi dans la forêt de Saint-Prix… dans un avion militaire en mission officielle à destination de Paris ».

- « Il semble que l’accident provienne d’un mauvais calage de l’altimètre. À 100 mètres près, l’avion passait. Ce n’est vraiment pas de chance ».

- « Jean Schneider, capitaine de l’armée de l’air, souhaitait vraisemblablement survoler Le Creusot et évaluer les dommages causés par les bombardements. Pour lui être agréable, le vice-marshall Dawson aurait alors dérouté son appareil personnel à partir de Lyon mais les conditions météo exécrables auraient alors conduit le pilote à emprunter la vallée du Mesvrin jusqu’à Étang, avant de mettre le cap sur Château-Chinon ».

En fait, rien n’est certain, l’avion venait du Maghreb, aurait fait escale soit à Marignane, soit à Lyon, serait reparti pour Paris en faisant un détour par Le Creusot pour finir sur les flancs du Haut-Folin en début d’après-midi ou peut-être la nuit, en raison d’une tempête de neige ?
Quelle similitude tout de même avec le Dewoitine D332 qui, transportant 10 personnes (3 membres d’équipage et 7 officiels), décolla de Lyon le 15 janvier 1934 à 18h15, pour Le Bourget où l’avion n’arrivera jamais, finissant dans une tempête de neige sur une colline au Nord de Corbigny.

Le lieu du crash

Lors de son déplacement sur le site le 16 novembre 1944, Charles Schneider, le frère de Jean, a fait part de son intention d’ériger là un monument à la mémoire des victimes.

Le propriétaire du terrain sans doute peu enclin à voir sa propriété se transformer en site touristique ou lieu de pèlerinage, n’a pas favorisé le projet d’accord et le monument ne fut jamais construit.

Sur place, la nature a repris ses droits et le lieu, après avoir été écumé par les curieux dans l’espoir d’y découvrir quelques richesses perdues, est vite devenu introuvable.

Depuis quelques temps, un passionné, un certain Gilles Moreau, aidé de quelques amis, a recherché et retrouvé l’emplacement et l’a nettoyé.
« Nous avons creusé une plateforme dans la pente, déplacé une borne Schneider qui servait à signaler une conduite d’eau sur le plateau d’Antully, et inscrit tous les noms sur une plaque ».
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Cette stèle bien modeste est complétée par 2 plaques exposées en Mairie de Saint-Prix.


De nombreux « chercheurs » se sont intéressés à ce site.
L’un d’eux, répondant aux initiales « A.C. » et dont j’ai retrouvé par le plus grand des hasard un témoignage écrit, était accompagné de « Bernard B » de Ménessaire et de « Lucien C ». 

    
Les noms ne sont pas cités dans ce document accompagné d’un croquis de leurs investigations en 1992

Pour recouper ce croquis, les moyens que nous offrent aujourd’hui Internet sont précieux.
- Les cartes IGN de 1950-1965 permettent de localiser un dépôt forestier qui ne semble pas être le même et qui n’existe plus de nos jours.

    

- L’étang de la Goulette lui-même ne figure pas sur cette carte.
- Les mêmes carte IGN plus récentes permettent de visualiser le GR13 ainsi que les chemins et les courbes de niveaux (isoplèthes).
- Et, cerise sur le gâteau, le site « Aérostèles » dédié à ce genre de recherche vous localise exactement le lieu : https://www.aerosteles.net/stelefr-stprix_schneider"


Le lieu exact du crash du B24

Il vous localise même la Mairie où sont implantés les autres stèles :
https://www.aerosteles.net/stelefr-stprix_schneidermairie" target="

Les victimes du crash

12 personnes ont perdu la vie dans cet accident :
- Capitaine Jean Schneider
- Mme Françoise de CUREL épouse Schneider
- M André Calmels (Ingénieur, né le 14/12/1907 à Bézier)

Ainsi que 8 Militaires de la RAF :
- Air Vice Marshal (Vice-Maréchal de l'air) Grahame Dawson
- Wing Commander (Lieutenant-Colonel) Charles Wynne-Eyton
- Group Captain (Colonel) Hernest Mac Donald
- Squadron Leader (Commandant) Harry Bouchier
- Pilot Officer (Sous-Lieutenant) James Mentiply
- Sergeant (Sergent) Ronald Biddis
- Flight Sergeant (Sergent-Chef) William Smith
- Leading Aircraftman (Aviateur-Principal) Frank Tucker

Les militaires de la RAF ont initialement été inhumés dans le carré militaire du cimetière d’Autun puis transféré en celui de Choloy en 1950.
Le cimetière de guerre de Choloy est situé en Meurthe-et-Moselle, à 28 kilomètres à l'ouest de Nancy et à 5 kilomètres à l'ouest de Toul.

La naissance de Jean Jules Marie Antoine Schneider

Jean Jules Marie Antoine Schneider est né le 28 août 1896 à Paris dans le 17ème arrondissement.
Son père, Charles Prosper "Eugène II" Schneider, est né le 29 octobre 1868 au Creusot (Saône et Loire) et décédé, à l'âge de 74 ans, le 17 novembre 1942 au 34 cours Albert 1er à Paris dans le 8ème arrondissement de Paris.
Il fut Co-fondateur de la Banque de l'Union Européenne et Administrateur du Crédit Lyonnais de 1868 à 1942 et Député, Maire du Creusot.
Sa mère, Antoinette Marie Edmonde de Rafelis de Saint-Sauveur est né le 28 Février 1875 à Paris dans le 7ème arrondissement et décédée, à l’âge de 94 ans, le 6 Juillet 1969 à Paris dans le 8ème arrondissement.
Jean Jules Marie Antoine avait 2 frères et 1 sœur :
- Henri Paul Marie Antoine Eugène Schneider (1895-1918),
- Charles Marie Bernard Henri Schneider (1898-1960),
- Marie Zélie Antoinette Eugénie "May" Schneider (1902-1999).


La famille Schneider en Avril 1917

Son mariage

Jean Jules Marie Antoine Schneider a épousé Françoise de Curel (apparentée aux aciéries « De Wendel ») le 25 Mars 1919.

Née le 3 Février 1894, elle fut fondatrice et présidente des « Infirmières pilotes et secouristes de l'Air ». Ils ne laissent aucune descendance.

Une carrière militaire

Peu de temps après leur départ de l’entreprise familiale, la guerre de 1914 est déclarée.
Les deux frères devancent l’appel et après quelques passages entre cavalerie et infanterie, c’est dans l’aviation qu’ils vont se battre, vivant l’évolution des appareils mais aussi des aérodromes.

Le 23 février 1918, le Sous-lieutenant Henri-Paul qui n’était âgé que de 22 ans, fut abattu au-dessus d’Aspach (Alsace) alors qu’il était au commande d’un « Spad » de l’escadrille SPA 49, probablement par le Lieutenant Walter Ewers (du Jasta 77 dont se fut la 6ème victoire).

D’ailleurs le terme « abattu » est surfait puisque, comme il est précisé sur sa citation à l’ordre de l’armée (Légion d’honneur), « il n’a dû qu’à son énergie et son habileté de ramener son appareil dans nos lignes ».


Il ne survivra hélas pas à ses blessures et décèdera le 24 Février 1918 (hôpital de campagne de Bellemagny).
Après avoir été inhumé provisoirement dans ce village du Haut-Rhin du 25 février 1918 au 1er décembre 1920, il repose maintenant dans le caveau de l'église Saint-Charles du Creusot.


Tombe provisoire de Henri paul


Jean, quant à lui, termine la guerre indemne et avec une victoire aérienne.

Son activité

Son père, « Eugène II », régna non seulement sur les usines du Creusot mais aussi sur sa famille, durant 44 ans, jusqu’à ses 80 ans.
Il refusa de céder la moindre part de son pouvoir à ses fils Henri Paul et Jean qui décideront donc de quitter l’entreprise.
Voir cette vidéo de France 3 :
https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/saone-et-loire/le-creusot/histoires-14-18-fin-dynastie-schneider-au-creusot-1407457.html" target="

Il semble d’ailleurs que le « Patriarche » n’ai pas fait l’unanimité que dans sa famille si l’on en juge par quelques dessins satiriques de l’époque…


Extrait de l’Almanach 1984-004

Jean se marie donc en 1919 avec Françoise de Curel.
Sa femme s’était engagée dans la Croix Rouge pendant la guerre et, sans enfant, va consacrer toute sa vie à la Croix Rouge et à la création des IPSA (Infirmières Pilotes Secouriste de l’Air).

En désaccord total avec son père, Jean quitta définitivement l’entreprise en 1921.
Il intenta un procès à son père, le gagnera 10 ans plus tard.
Ce procès signera la fin des Forges du Creusot qui, en 1962 passeront sous la coupe du groupe « Empain ».
Les deux hommes ne se reverront qu’en 1942, peu avant la mort « d’Eugène II ».

Jean travaillera pour « Air Union », puis plus tard pour « Air France ».
Il se vit confier de nombreuses missions d’exploration destinées à préparer l’ouverture de nouvelles lignes vers l’Afrique et les Etats Unis.
En 1932 il se voit nommé chef de projet d’une expédition aérienne destinée à relier la Tunisie à Madagascar (Le 30 août 1933, la SCELA, Société Centrale pour l'Exploitation des Lignes Aériennes, devenait la S.A. Air-France, au capital de 120 millions, acheteur de l'Aéropostale et de la Transafricaine).
Il fut co-fondateur de l'Aérospatiale, Secrétaire Général d'Air France, Capitaine de l’armée de l'air.

L'abri anti-bombardements de l'Hôtel-Dieu

Cet abri était l’un de ceux disséminés dans la ville du Creusot.
Il avait été construit dès le début de la deuxième guerre mondiale.
Sa vocation était de protéger les malades de l'Hôtel-Dieu mais aussi les habitants du quartier de « la Croix-Menée ».
Il a résisté aux bombardements du 17 octobre 1942 ainsi que de ceux de la nuit du 20 au 21 juin 1943 qui visaient prioritairement les usines Schneider, faisant des centaines de morts mais aussi des milliers de blessés.

Ce sont les travaux préparatoires à la construction d'un EPHAD sur le site de l'Hôtel-Dieu qui l’ont fait sortir de l’oubli et ont, aussi, eu raison de lui…
C’était un abri en métal, constitué de 3 cylindres rivetés enfouis sous une couche de béton armé.
Il n’a fallu que quelques heures aux pelles hydrauliques de la STTP de Saint-Vallier pour faire passer à la trappe ce vestige des heures douloureuses du Creusot.

D’après un texte et des photos de Alain Bollery publiés dans :
http://www.fo-hoteldieu.eg2.fr/index.php/fehap-ccn-51/7-ch-le-creusot/167-labri-anti-bombardements-de-lhotel-dieu-a-ete-decouvert-et-detruit" target="

Sa fin

Jean Jules Marie Antoine Schneider est décédé le 14 novembre 1944, en Saône et Loire (dans la forêt de Saint-Prix) à l'âge de 48 ans.
Il a été inhumé le 20 novembre 1944 dans le Caveau Familial au Creusot

Sources documentaires