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Les
barrages-réservoirs et l'ex
IIBRBS

I.I.B.R.B.S. Institution
interdépartementale des barrages-réservoirs du bassin de la Seine, aussi appelés « Les Grands lacs de Seine », devient « Seine Grands Lacs ».
- Créé en 1969,
"l'I.I.B.R.B.S." - " Les grands lacs de Seine" - est devenu "Seine Grands
Lacs", un établissement public territorial de bassin par arrêté du Préfet de la
Région Ile de France le 7 février 2011. - Le but de
cette institution est de réduire le débit de la Seine et de ses principaux
affluents (l'Yonne, la Marne et l'Aube) lors des crues et de le renforcer quand
les rivières sont au plus bas. Par extension, le terme « grands lacs de Seine »
évoque également l'ensemble des lacs artificiels, situés en Bourgogne et
Champagne-Ardenne, construits et/ou gérés par cet établissement. Leur
superficie totale est de 101 km2 ce qui équivaut à celle de la ville de
Paris Avant l'IIBRBS : - En janvier 1910, une crue de la Seine inonda de
nombreuses rues parisiennes et 20 000 immeubles, touchant environ 200 000 habitants de la ville. - Le
22 janvier, le métro parisien fut à son tour sous les eaux. -
La Seine mit 45 jours à retrouver son niveau normal. -
Les dégâts s'élevèrent à 400 millions de francs-or.
 La gare de
Paris-Saint-Lazare pendant la crue de 1910.
- À la suite de cette crue et de celle de
1924, qui toucha aussi Paris et son agglomération, ainsi que des sécheresses
des années 1920, l'État et le département de la Seine décidèrent d'aménager la
Seine et ses affluents en amont de la capitale, pour réguler le cours du
fleuve. - Ainsi, en 1949, fut mis en service le premier «
grand lac de Seine », le lac de Pannecière, sur l'Yonne. En 1966, alors que le
lac-réservoir Marne était en cours de construction, le lac d'Orient ou
lac-réservoir Seine fut inauguré à proximité de Troyes, en Champagne humide. - C'était alors le département de la Seine qui gérait ces
trois lacs et leur construction.
 Carte du bassin
versant de la Seine et des grands lacs de Seine.
La création de l'institution :
- Le 16 juin 1969, à la suite de la
disparition du département de la Seine survenue un an plus tôt, un arrêté
ministériel crée officiellement l'« Institution interdépartementale des
barrages-réservoirs du bassin de la Seine » (IIBRBS). Cet établissement public
de bassin est désormais géré par les conseils généraux des quatre départements
issus de celui de la Seine : celui de Paris, des Hauts-de-Seine, de la
Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne. Il a donc pour vocation de renforcer les
débits de la Seine et de ses affluents lors de l'étiage (pour assurer les
ressources en eau nécessaires à l'agglomération parisienne) et de protéger
l'Île-de-France des inondations au moyen de lacs-réservoirs, dont il
s'occupe.
Depuis 1969 : -
L'année 1974 fut marquée par l'inauguration du lac du Der-Chantecoq
(lac-réservoir Marne), qui devint le plus grand lac artificiel de France. - Entre 1989 et 1990, le lac Amance et le lac du Temple, en
dérivation de l'Aube, furent mis en eau. - De nos jours,
l'organisme est financé à 50,02 % par la municipalité de Paris et à hauteur de
16,66 % pour chacun des trois autres départements de la petite couronne. Il est
dirigé par un conseil d'administration composé de 24 membres (12 pour Paris, 4
pour les Hauts-de-Seine, 4 pour la Seine-Saint-Denis et 4 pour le
Val-de-Marne), désignés par les conseillers généraux de ces départements.
L'institution est présidée depuis 2001 par Pascal Popelin, premier adjoint au
maire de Livry-Gargan et vice-président du conseil général de la
Seine-Saint-Denis. Elle emploie 130 agents, essentiellement affectés à
l'entretien des ouvrages.
Précision sémantique
Il est souvent question
dans les textes de « régularisation » d'un cours d'eau. Ce terme est
impropre puisqu'il renvoi à une notion de conformité à la loi (ex :
régulariser un chèque sans provisions). En l’occurrence, la seule règle entre
le cours d'eau et la loi ne peut donc être que « la loi de la
nature » qui est précisément contraire au but recherché : la
« régulation ». La « régulation » permet de maintenir un
état stable, conforme a ce qui est prévu, dans le fonctionnement d'une machine
ou l'état d'un système. On régule le débit d'un cours d'eau afin de limiter les
risques d’inondation, en l'absence des mesures mises en place, le cours d'eau
lui même n'est pas « hors la loi » et ne peut rien
« régulariser ».
Les Lacs-réservoirs
- Le lac de Pannecière
et son barrage, ou « lac de Pannecière - Chaumard-sur-l'Yonne » est le premier
des grands lacs de Seine à avoir été construit ; il fut inauguré en 1949. Il
est à la fois le seul lac de barrage et l'unique lac bourguignon à être géré
par "Seine Grands Lacs". Il se situe à la confluence de l'Yonne et de
l'Houssière, dans le département de la Nièvre, non-loin de la ville de
Château-Chinon. Avec ses 5,2 km2 de superficie et ses 82,5 millions de m³ de
capacité, il est le plus grand des grands lacs morvandiaux. Il fait également
partie du parc naturel régional du Morvan. - À noter que les réservoirs du Crescent et de Chaumeçon
sont mis à la disposition de l'institution par EDF.
- Le Lac du Der-Chantecoq, ou « lac-réservoir Marne »,
(souvent abrégé en « lac du Der ») est le troisième lac construit par
l'institution ; il est ainsi inauguré en 1974. Il est situé en
Champagne-Ardenne, à la limite des départements de la Marne et de la
Haute-Marne. En dérivation de la Marne et d'un de ses affluents, la Blaise, le
lac doit son nom à la fois au pays du Der, région naturelle où il est implanté,
et au village de Chantecoq qui fut détruit avec ceux de Champaubert-aux-Bois et
Nuisement-aux-Bois, lors sa création. Sa capacité nominale est de 350 millions
de m3. Avec une superficie de 48 km2 , il est le plus grand lac artificiel
d'Europe, en excluant les lacs de barrage. Il est par ailleurs le plus grand
lac artificiel de France, toutes catégories confondues.
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 Plan du lac du
Der
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 L'église de
Champaubert maintenant au bord du lac
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 Le lac du
Der
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 Le lac du
Der derrière l'église de
Champaubert
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- Le Lac d'Orient, ou « lac-réservoir Seine », est
situé dans l'Aube, en Champagne-Ardenne, à une douzaine de kilomètres de
Troyes. Grâce à ses 23 km2 de superficie et ses 205 millions de m3 de capacité
normale, il est le troisième plus grand lac artificiel de France, après le lac
du Der-Chantecoq et le lac de Serre-Ponçon et devant le lac de Sainte-Croix.
Autrefois appelé « lac de Lusigny » ou encore « lac de la forêt d'Orient », il
fut construit pour réguler directement la Seine. Il est mis en service en 1966,
devenant ainsi le second grand lac de Seine. De nos jours, le lac fait partie
du parc naturel régional de la forêt d'Orient, forêt d'où provient son nom
- Les lacs Amance et du Temple. Le « lac-réservoir
Aube » est en réalité composé de deux lacs reliés par un canal de jonction : le
« lac Amance » et le « lac du Temple ». Le premier tire son nom de la rivière
qui le traverse et le second doit le sien aux Templiers, qui possédaient des
terres dans la région. Ils se situent eux aussi dans le département de l'Aube.
Tandis que le lac Amance, à l'est, est dédié au motonautisme, le lac du Temple,
à l'ouest, est quant à lui abandonné à la découverte de la nature. Avec leur
capacité normale de 170 hm3, une superficie totale de 23,2 km2, ils
pourraient, s'ils formaient un unique lac, être le troisième plus grand lac
artificiel de France, au même niveau que le lac d'Orient; ils font également
partie du parc naturel de la forêt d'Orient. Ils furent mis en eau en 1990, ce
qui fait d'eux les derniers lacs de Seine construits.
Fonctionnement des lacs
- Les quatre grands
lacs de Seine fonctionnent de la même manière. En hiver et au printemps (de
novembre à juin), les lacs-réservoirs sont progressivement remplis, grâce aux
canaux d'amenée ou au barrage, puisque à ces périodes les rivières sont au plus
hautes. Ainsi, on évite les inondations : c'est l'« écrêtement des crues ». De
juillet à octobre a lieu le « soutien d'étiage » : lorsque, durant l'été, les
cours d'eau sont à leur niveau le plus bas, l'eau contenue dans les lacs leur
est reversée. Cette vidange peut se prolonger sur le mois de novembre et
décembre en cas de sécheresse exceptionnelle. Au 1er novembre, les lacs sont
presque vides : il n'y reste que la « tranche morte », la quantité d'eau
nécessaire à la survie des poissons dans les lacs et la « tranche de réserve »,
prévue en cas d'étiage important aux mois de novembre et décembre. Le volume
d'un de ces lacs-réservoirs dépend de l'importance des crues et des
sécheresses. Impact sur les crues et l'étiage :
- Pendant six ans, de 1992 à
1998, l'IIBRBS, en partenariat avec l'État, la région Île-de-France et l'Agence
de l'Eau Seine-Normandie, a réalisé une étude pour estimer les dommages
engendrés par une importante crue de la Seine dans la région et rendre compte
de l'action des lacs dans ce cas.
- D'après cette étude, les
grands lacs permettraient pour une crue comme celle de 1910 de réduire de 60 cm
l'eau à Paris, ce qui aurait comme conséquence financière de porter le montant
des dégâts à 8,4 milliards d'euros au lieu des 12,2 milliards d'euros estimés.
Ils représenteraient donc une économie d'environ 4 milliards d'euros.
Cependant, d'une part les dépenses liées à la construction des lacs ne sont pas
ici prises en compte et, d'autre part, les lacs-réservoirs ne peuvent en aucun
cas éviter les crues, seulement les amoindrir. Leur action n'est donc pas
suffisante, d'autant plus que les bassins actuels n'influent que sur environ 17
% du bassin de la Seine en amont de la capitale. Enfin, l'Yonne, qui est
l'affluent réputé le plus indomptable, est aussi le plus faiblement contrôlé
par le dispositif.
- En 1995, une autre étude
menée par l'IIBRBS et l'Agence de l'Eau Seine-Normandie a démontré que sans les
lacs-réservoirs, l'Île de France serait confrontée à des pénuries en eau
potable, plusieurs jours par an. Toujours d'après cette étude, les pénuries
seraient plus fréquentes sur la Marne. Pourtant, comme pour la régulation des
crues, le « soutien d'étiage » ne ferait pas disparaître les effets d'une très
grande sécheresse et son action pourrait diminuer en cas de forte hausse des
besoins, de baisse de la qualité des ressources ou d'importante pollution ayant
des effets sur le long terme. L'augmentation du nombre de lacs-réservoirs
amoindrit donc le danger d'un stockage insuffisant, d'où la création assez
récente du lac-réservoir Aube.
Impact sur
l'environnement : Un
observatoire sur le lac du Der.
-
L'environnement a été profondément transformé par la construction des ouvrages,
le paysage aussi : de nombreux hectares de forêt furent détruits pour implanter
les lacs. Ils modifient le régime hydraulique des rivières, rendant impossibles
certaines crues au printemps, pourtant indispensables à la reproduction du
brochet. D'autre part, le lac de Pannecière empêche la libre circulation des
truites et limite donc leur reproduction en aval du barrage durant l'hiver.
Cependant, leur « qualité écologique» a fait d'eux un lieu de passage important
de la grue cendrée et d'autres espèces d'oiseaux lors de leur migration.
- Les trois lacs de
Champagne-Ardenne sont reconnus depuis 1991, à travers le site des étangs de la
Champagne humide, par la convention de Ramsar. Ils font également partie des
zones de protection spéciale du réseau Natura 2000 du « Lac du Der » ou des «
Lacs de la forêt d'Orient ». Ces derniers se trouvent sur le territoire de la
réserve naturelle nationale de la Forêt d'Orient. Par ailleurs, chaque année,
plus de 1,5 million de visiteurs fréquentent les grands lacs de Seine et leurs
infrastructures, comme les ports de plaisance, les pistes cyclables, les
parcours de randonnée, les plages aménagées ou encore les observatoires.
Projets
Les zones humides de la Bassée.- Comme le prévient le titre d'un
livre de Pascal Popelin, président de l'institution, « un jour l'eau reviendra
». Dans l'éventualité d'une nouvelle crue d'importance, un tel phénomène
toucherait directement des millions de franciliens. Pour aider les lacs qui
stockent jusqu'à 830 millions de m3 d'eau, l'institution prévoit ainsi la
création d'un cinquième aménagement. En effet, les lacs existants permettent
d'atténuer les crues mais pas de les éliminer. Ce nouvel aménagement appelé «
la Bassée » a donc pour but de parfaire l'action des quatre lacs-réservoirs.
Situé en Seine-et-Marne, ce site s'étend sur 16 000 ha. Il est l'une des plus
importantes plaines inondables en amont de Paris. Au stade d'étude depuis 2001,
le projet sera, à partir de 2011, exposé sous la forme d'un débat public. Il
consiste à réaménager une plaine, en amont de Montereau-Fault-Yonne, pour y
stocker temporairement 55 millions de m3 d'eau pompés dans la Seine, pour
réduire une éventuelle crue exceptionnelle de l'Yonne ou de la Seine. Ce projet
reviendrait à 500 millions d'euros.
- Un autre projet, celui d'un
« lac des côtes de Champagne », est à l'étude. Il permettrait de contrôler le
bassin versant de la Saulx, en amont de Vitry-le-François. D'une superficie
possible de 2 300 ha et d'une capacité d'environ 130 millions de m³, il serait
construit sur le principe des autres lacs : des digues en terre entourant un
plan d'eau. Cependant, ce projet ne semble pas être la priorité de l'IIBRBS qui
privilégie celui de « la Bassée ».
- Une troisième étude a été
menée par l'institution pour l'éventuelle construction de nouveaux
lacs-réservoirs sur certains affluents de l'Yonne.
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